19h42. Embarquement en gare de Blankenberge. Train bondé au point qu'il est presque impossible de monter à bord.
Nous trouvons place en première classe comme beaucoup d'autres. Face à nous, une dame néerlandophone, âgée mais fort coquette, portant un sac de marque. Elle semble épouvantée face à deux jeunes personnes au style alternatif s'exprimant en français.
Ça commence en effet plutôt mal entre nous. Elle nous montre d'un doigt accusateur la première classe. Elle a payé plus cher, elle, ce n'est pas pour être entouré de gosses qui braient en français... Elle nous interroge du regard. Non, il n'y a plus de place en deuxième. Nous avons le droit d'être là. Elle ne verra pas nos tickets.
Arrêt en gare de Brugge. Le train ne redémarre plus. La dame veut fumer. Elle nous demande de bien vouloir garder son sac. N'en pouvant plus des regards dédaigneux, ma compagne lâche :
- On va vous le garder votre sac, on est peut-être pauvres et francophones mais on est pas des voleurs...
D'autres personnes continuent à arriver. Une bande de jeunes met de la musique pour tout le wagon.
- Musique de turcs ! s'écrie la dame.
Gageons qu'aucun de la bande n'était turc et puis, quand bien même, c'était plutôt de la pop amerloque.
Je commence en avoir vraiment marre de devoir me coltiner ce qui est peut-être une supporter de Bart De Wever...
Arrive sur la banquette un jeune brésilien néerlandophone et lusophone, soucieux d'avoir de plus amples renseignements sur ce gros bordel qu'est la Belgique. On entame alors une conversation assez sympathique et on parle du conflit linguistique... dans un anglais approximatif, mâtiné d'italien.
Surprise ! La dame âgée se joint à la conversation. Elle semble apaisée. Elle a compris qu'on était pas des mauvais, même si on était francophones et pauvrement vêtus.
Enfin, elle se lève une fois le train arrivé à son arrêt. Elle nous salue avec le sourire et donne même quelques conseils à ma compagne pour soigner son vilain coup de soleil...
Elle disparaît et je me dis, avec un peu d'espoir : "Si la peur de l'Autre peut être si facilement éradiquée, il n'y a pas de raison pour que le fascisme sévisse encore longtemps au Nord du pays..."
Expérience sympathique guidée par la méfiance de l'autre et de l'inconnu, propre à l'homme et aux animaux, qu'on le veuille ou non. J'en aime le dénouement. Mais que signifie lusophone ?
RépondreSupprimerqui parle le portuguais :)
SupprimerDésolé pour la réponse tardive, la plateforme me fait quelques blagues.