jeudi 15 octobre 2015

Plutôt survivre que sous-vivre



Je me reconnecte après un très long silence.


Je tiens à vous dire que je suis toujours en vie et que je me porte même plutôt bien.

Je ne suis plus sujet à cette fatigue chronique qui m'accablait ni même à cette allergie qui enserrait mes voies respiratoires le matin et le soir.


En Belgique, j'étouffais et ce n'était pas qu'une simple question de pollution et de climat !


Pour des raisons que seuls quelques-uns connaissent, ma vie était un calvaire qui s'est empiré au cours des derniers mois.


Je n'ai pas l'intention d'exposer en détails en quoi consistait cette situation inextricable. Si je le faisais, je vouerais aux gémonies plusieurs personnes, des gens qui sont au plus mal et n'ont semé que le chaos autour d'eux, sans même s'en rendre compte et parfois, avec de bonnes intentions de départ.


Néanmoins, je ne peux pas me taire, sinon ce sera moi le salopard. J'ai laissé des lettres derrière mes pas mais elles demeurent incomplètes. Il s'est passé beaucoup de choses depuis et il me faut maintenant réagir à ce dont je viens de prendre connaissance sur Internet et les réseaux sociaux.


J'ai une énorme rancoeur au fond de moi car beaucoup de temps et d'énergie m'ont été enlevés. J'ai toutefois pris du recul par rapport à ce qu'il s'est passé au cours de ces derniers mois et j'ai décidé de ne pas alimenter la spirale de la frustration et de la haine, cette même spirale qui a failli me détruire pour de bon.


J'en ai fini avec tout ça.


Le jour de mes vingt-huit ans est survenu un enchaînement de faits désagréables ainsi qu'un ultime coup de couteau qui m'ont fait agir par impulsion.


Mû par une volonté irrépressible d'échapper à un étau qui se resserrait toujours plus, j'ai pété les plombs en gare de Tournai et je suis parti pour la France. Je voulais gagner les contrées sauvages de l'Ouest, me retirer au plus loin, mettre mes derniers souhaits par écrit et attendre que la mort m'emporte après une overdose de rhum. J'ai immédiatement rédigé les courriers que ma maman, Lily, et mon chef de service ont dû recevoir quelques jours plus tard. J'ai ensuite dû faire une halte à Nantes car, l'heure étant avancée, il n'y avait plus de départ pour les îles avant le lendemain.


Cette halte m'a sauvé. En centre ville, un jeune homme m'a appelé. Il m'invitait à prendre un verre dans un café littéraire où l'on écoutait les classiques de la belle chanson française engagée après un concert alternatif. Il y avait une ambiance, des discussions intéressantes, c'était un peu comme un Coin aux étoiles qui aurait réussi à exister à plein temps. Après une demi-heure dans ces lieux, je n'avais plus envie de me tuer, ou en tout cas pas tout de suite. J'ai été hébergé pour la nuit par le gars qui m'avait payé à boire. Ensuite, je suis parti le lendemain vers un décor de carte postale.


Durant deux jours, j'ai exploré l'île où j'ai atterri. J'ai dû marcher au moins cinquante kilomètres avant de trouver où j'allais établir mon camp. Finalement, j'ai choisi une petite construction abandonnée d'à peine quinze mètres carrés au sol. La toiture avait été à moitié arrachée par une tempête. Autour, il n'y avait qu'une longue lande coincée entre une plage sauvage et des marécages. Je n'y ai croisé personne.


Seul face à ma conscience, j'ai tenu là-bas près d'une semaine, avec des galettes de riz, du thé et une salade bio qui m'avait été offerte à Nantes. J'ai bien acheté un peu de pain, de fromage et de vin dans un LIDL à 10km de là mais j'aurais pu faire sans.


Au cours de cette longue introspection, j'ai compris que l'essentiel de mon mal-être venait d'un manque de confiance en moi évident qui s'était constitué pendant l'enfance et renforcé à l'adolescence. J'ai grandi dans un milieu où la violence était latente et pouvait se manifester à tout moment, sous des formes parfois traumatisantes. J'ai senti dès mon plus jeune âge que j'avais le devoir d'y mettre un terme. Il en a découlé une peur de l'échec que beaucoup ont instrumentalisé à leur propre profit.


Avant mon départ, j'avais un poids énorme sur les épaules. Suite à plusieurs échecs personnels importants, je ne pouvais plus avancer alors que ma situation exigeait au contraire que je m'active sans repos. (Et je l'ai fait, passant du manœuvre au négociateur de prêts, du psychologue lui-même névrosé à l'organisateur d'événements, de l'auteur au fonctionnaire nonchalant).


J'ai essayé en vain de faire comprendre, pendant neuf mois, que les choses ne pouvaient plus durer comme ça. Mes tentatives d'explications ont été totalement contre-productives : je n'ai récolté à chaque fois qu'un poids supplémentaire... C'était une chaîne sans fin, je subissais tout de A à Z, travaillant plus en dehors du bureau pour réparer les erreurs des autres que sur mon propre lieu de travail !


Je suis conscient d'avoir causé énormément d'inquiétude en ayant choisi, faute de mieux, de disparaître. Je le regrette. Mais tout allait finir par exploser. C'était quasi mathématique, une simple question de potentiel nerveux. Qui connaît les tenants et les aboutissements de cette affaire savait que ce n'était qu'une question de temps.


Quand je suis parti mourir en homme libre, j'ai pensé : "C'est ça ou le meurtre, quatre murs ou quatre planches."

Or, je suis bien incapable de tuer autre chose qu'un moustique. Ce serait reproduire la violence que j'ai combattu et puis fui.


Ma nature profonde ne peut pas fluctuer avec les circonstances. Je ne suis pas de ceux qui suivent les mouvements de foules, le sens du vent et la mode des plumes dans le cul après celle des flèches dans le nez.


Je suis ravi que le souhait que j'avais exprimé par écrit ait finalement été respecté : qu'on me laisse filer et qu'on suspende toute recherche.


Il faut dire que c'était assez mal parti. J'ai frissonné quand j'ai réalisé que j'étais à la fois pisté comme un Pokémon rare et traqué comme un fugitif. Encore plus au moment où je me suis rendu compte que la Police, cette défenseuse de la veuve, de l'orphelin et désormais du libertaire en maraude, a dû être très vite mise au courant de ma disparition. On n'aurait même pas hésité à envoyer un combi de flics à Notre-Dame-Des-Landes, là où des militants courageux vivent la vraie vie. Je suis perplexe, d'autant plus que tout cela partait de bonnes intentions...


Quand je me suis reconnecté, j'ai vu des milliers de partages, de commentaires, de messages de soutien, la plupart émanant d'inconnus, de personnes qui n'avaient pas la moindre idée de qui j'étais, de ce que j'écrivais et faisais. J'ai lu des polémiques sur mon libre arbitre alors qu'au fond seules quelques rares personnes savent de quoi il en retourne. J'ai bien lu cent fois le mot « Pizza hut », alors que je n'y ai mis les pieds que trois minutes, deux heures avant de prendre ma décision de disparaître. En revanche, il n'a été fait mention nulle part de mon pétage de plomb en gare de Tournai, ce qui au fond m'amuse, c'est un peu une comme une faille dans la matrice, une trouée dans ce camp de consommation à ciel ouvert qu'est la société actuelle. J'ai aussi noté qu'on m'avait aperçu dans des endroits où je ne suis jamais allé, comme Froyennes ou le centre de Tournai quelques jours après ma disparition.


Ce qui me laisse encore plus perplexe, ce sont les réactions des gens. Des personnes que j'avais définitivement rayées de ma vie sont réapparues pour s'exprimer sur l'affaire, certaines se sont même indignées de ne pas recevoir de nouvelles, alors qu'elles ne m'en ont pas donné depuis des années. D'autres ont avancé une filiation ou une amitié qui m'était inconnue et que j'aurais peut-être apprécié de nouer. D'autres encore, que je tiens en estime, se sont apparemment tues, peut-être par décence, une position que je ne peux leur reprocher. Tout cet emballement a duré plusieurs jours et puis s'est tari. C'est incompréhensible pour moi qui me suis senti totalement seul au monde avant d'être littéralement soufflé vers l'Ouest par une impulsion émancipatrice. Si on m'avait laissé poursuivre mes études, j'en aurais peut-être tiré un quelconque savoir théorique, une sociologie du drame par lequel la solidarité renaît dans un monde où elle est paradoxalement de plus en plus absente. Ma « Petite Femme aux cigarettes » abordait déjà ce thème. J'espère pouvoir enfin reprendre mes activités littéraires et approfondir ces réflexions.

Mais pour le moment, les mots ne viennent pas. Parce que je suis triste d'avoir dû en arriver là, d'avoir dû faire ce choix. C'est à Mons, en Belgique, que j'étais en danger. Au moins trois personnes savaient que j'étais à bout de nerfs, m'avaient entendu sangloter et implorer d'être libéré de cette prison. Je ne demandais qu'à être écouté et que l'on cesse de m'ajouter du poids en plus sur mes épaules de plus en plus courbées. Je ne suis pas un comédien, quand je dis “Je n'en peux plus”, c'est que je suis vraiment à bout, quand j'ajoute que “j'ai envie de foutre le camp”, c'est qu'il y a des chances que je le fasse pour de vrai.


Puisque ce n'est pas clair pour tout le monde, il me faut préciser que le Coin aux étoiles n'était pas que mon idée à l'origine, que je me suis lancé dans cette aventure uniquement parce que j'avais l'assurance que mon associé et ami d'alors s'occuperait de toute tâche de gestion et d'organisation et que je ne serai concerné quant à moi que par la partie administrative du travail à effectuer en ma seule qualité de trésorier. Un troisième administrateur se chargerait quant à lui de la communication. Je n'invente rien, je renvoie à la consultation des statuts de l'ASBL pour toute personne qui douterait de mes propos. J'ajouterais que je travaillais alors dans la région et que les bruits de couloir m'avaient appris que j'y resterais, mais derrière l'absence de mutation initialement prévue puis suspendue se cachait en fait, apparemment, un abus de pouvoir politicien qui avait profité à tous pour mieux cacher qu'il visait à faire obtenir un avantage à un seul agent. La Justice ayant agi, j'ai donc été muté avec tous les autres de ma session. En tout cas, c'est ce que m'ont expliqué d'autres bruits de couloir.


Je l'ai dit, je ne vais pas rentrer dans les détails parce que je n'ouvre aucun procès. Il faut cependant savoir que ce qui a été investi dans le Coin aux étoiles émane en majeure partie d'un surmenage que je n'ai nullement choisi mais qui m'a été imposé et de mes finances personnelles, car je ne dépense presque aucun argent pour mes besoins personnels.


Je ne serai pas opposé à ce que ce projet survive, le temps que je pourrai encore le financer, loin de là ! Je sais que les soirées punks et les présentations-débats ont eu beaucoup de succès en général et qu'il fallait souvent se serrer. Quand on propose ce qui manque, la difficulté n'est pas d'attirer un public mais de constituer une équipe saine et solide pour gérer tant la soirée en elle-même – la pointe émergée de l'iceberg – que l'acheminement des stocks, le nettoyage, l'agencement de la salle, la gestion de la caisse et le réglage de la sonorisation. Et pour ça, il faut des gens qui agissent vraiment par conviction. Les gens qui, consciemment ou non, détourneront le projet à des fins personnelles, ceux qui voudront faire de ce lieu un endroit de débauche, ceux qui souilleront les principes libertaires d'autodiscipline, ceux encore qui croiront tout savoir et voudront tout diriger, n'apporteront que stress et frustrations.

Bref, si l'aventure vous tente, j'attends vos lettres de motivation pour prendre le relais !


En attendant, Tout cela est terminé. J'ai décidé de débuter une nouvelle vie où je cesserai de tout subir, de travailler dans un domaine qui n'est pas le mien pour subvenir aux besoins des autres, d'accepter de ne plus voir la lumière du jour pour le confort des autres, d'avoir des problèmes de conscience pour les autres encore, de devoir mettre entre parenthèses tout ce que je suis pour les autres enfin.


Ces quelques jours de vie sauvage m'auront appris que je n'ai besoin que de thé, de pain, d'un carnet, d'un stylo à bille et d'une seule tenue de rechange. Le reste m'est superflu.


A ceux qui me verront comme un égoïste, je répliquerai que c'est au contraire ma trop grande générosité qui a causé ma perte. Je l'ai dit plus haut : je ne vais pas vous en livrer les détails mais ceux qui me connaissent réellement me feront confiance.


Je sais que certains voudront régler leurs comptes. Moi, je m'en tape. L'argent est le squelette du capitalisme et j'aimerais le réduire en cendres. Mais si on y tient, alors il ne faut pas oublier que je sais compter et que je sais me défendre, que mon existence a d'ailleurs été dévolue à ça et que je suis donc parfaitement au courant de qui a une dette envers qui. Je peux déjà vous dire que l'addition serait salée. On arrête là, non ?


Au fond, ce qui a nourri en moi cette conviction que plus rien ne serait possible à Mons, c'est cette violence quasi quotidienne dans laquelle je vivais, violence qui me causait une souffrance sans nom, à la fois d'être impuissant face à ce mal qui défigurait la beauté d'un être cher et à la fois de me voir infligé au quotidien une agression du même ordre que celle qui m'avait poussé à fuir le domicile parental à vingt ans sans un franc en poche.


Il paraît qu'on réécrit toujours la même histoire. Je n'ai pas trente ans et je refuse de vivre sur ce disque rayé des semaines routinières.


Je suis désormais un être libre.


Je tiens à remercier les gens qui m'ont soutenu avec bienveillance, ceux qui ont cru en moi. Sans vous, je serais mort. La dépression et le rhum auraient eu raison de moi sur l'île. Là, Mère Nature a décidé que je devais vivre.


J'ignore qui est derrière l'idée mais j'aime beaucoup les dernières images postées sur la page communautaire dédiée à ma disparition – et à ma traque - celle du sentier qui s'efface dans un flou artistique verdoyant et celle des tennis à coté de deux flèches indiquant des directions contraires. Qui sait, ces chemins de traverse nous amèneront peut-être à nous revoir.


La bise aux amis.


Florian




Petite playlist qui illustre bien mon voyage  (si vous ressentez les paroles) :



The Police – Every breath you take



Nine Inch Nails – The great below


Staind – Outside



Thrice – Atlantic












dimanche 13 septembre 2015

Un dimanche de septembre à Eliopolis...


Se lever. Entendre un bruit. Voir une épaisse brochure tomber dans sa boîte aux lettres revêtue du logo "PS" avec deux gosses blancs souriants et l'annonce suivante "Nos réalisations 2012-2015".

L'ouvrir. Apercevoir la tête de Di Rupo en page 1 ainsi que l'affirmation suivante dès l'entame du mot d'intro: le but de la ville est d'attirer les investisseurs afin d'offrir les perspectives d'un avenir meilleur pour tous.

Jeter le torchon du parti "de gauche", dégoûté de sa droitisation toujours plus extrême et décomplexée.

Faire quelques courses. Croiser des mecs avec un chasuble PS et un charriot ridicule.

Rentrer au bercail. Découvrir une deuxième brochure dans sa boîte aux lettres. Se dire : "Aucun scrupule à gaspiller l'argent du contribuable"

Aller nager l'après-midi. Pour la première fois depuis un bail. Parce que la "piscine des montois", construite notamment parce que les montois devaient "se taper 3,5 km jusque Cuesmes pou' aller nager" a été établie à... 3,5 km du centre ville, quelque part entre Nimy et Ghlin, dans une zone pas facile d'accès quand on n'a ni voiture ni temps libre, faute de moyens.

Se dire qu'on peut détourner la navette de Mons 2015 qui relie le parking de délestage situé dans les parages de la piscine à la place du parc pour marcher un peu moins sous la pluie.

Surprendre le chauffeur en train de lire un bouquin tellement il s'emmerde : il y a beau avoir des navettes toutes les 8 minutes, même le dimanche, elles ne peuvent pas partir... parce qu'il n'y a personne pour embarquer !

Monter à bord. Constater que le chauffeur est soulagé de pouvoir enfin exercer la mission pour laquelle il est payé.

Atteindre le fameux parking. Voir qu'il est totalement vide et que d'autres navettes attendent en vain des visiteurs. Apprendre que c'est souvent comme ça.

Se rappeler que ce parking à coûté plus de 2,5 millions d'euros payés à la firme Gobert dans laquelle quelques politiciens du coin ont leurs intérêts. Savoir que l'achat a été monnayé pour 4 fois le prix normal du terrain !

Penser à toutes ces lignes de bus supprimées dans le Borinage alors que tant de petites gens les empruntent, faute de capacité financière suffisante pour se payer une voiture.

Se remémorer la volonté de Di Rupo "d'attirer les investisseurs".

Penser une fois de plus "Tu n'es qu'un sale type aux gants de velours !". Se rappeler toutes ces nouvelles taxes entrées en vigueur. Se demander où il ira encore chercher les 1236€ pour payer le précompte immobilier majoré de sa modeste maison délabrée afin de financer MONS 2015. Espérer de tout coeur la chute de ce pâle Néron en fin de règne en 2018...
 
                                                                      

samedi 12 septembre 2015

Un bout de soirée au camping convivial du parc maximilien. Bienvenue dans le vrai monde !

Hier, après ma journée de travail, j'ai passé un moment au camp de réfugiés du parc maximilien, en plein coeur de Bruxelles. Je n'avais pas un grand détour à faire et puis, je voulais comprendre ce qu'il s'y passe vraiment. Parce que la question des réfugiés est devenu le sujet d'actualité qui préoccupe le plus les belges mais que pour beaucoup, cet intérêt cache un ramassis de peurs, de préjugés et de manque de connaissances, que ce soit des procédures d'asile ou de savoirs géopolitiques permettant de cerner le désastre syrien. Hélas, la plupart des médias sont comme ces belges et, loin de les informer pour que la peur laisse place à une analyse rationnelle de la situation, ils agissent comme un miroir déformant qui non seulement reflète les inquiétudes mais en plus les amplifient en les légitimant. A l'ignorance, un seul remède : la connaissance du terrain.  

Je suis donc venu, j'ai vu et j'ai retenu.

Une image souvent donnée par certains médias est celle d'un camping bordélique et insalubre où il se passerait n'importe quoi, une zone d'illégalité dans laquelle des "migrants" - même plus des réfugiés ! -  tendent la main à des bénévoles complètement dépassés. Une horreur en plein Bruxelles que des politiciens-chevaliers-blancs se donneraient pour mission d'évacuer, notamment dans le bien des réfugiés eux-mêmes qui craindraient quelques gouttes de pluie belge après avoir fui les bombes...

Tout cela est profondément ridicule !

Je ne sais pas de quel campement on parle mais ça n'a rien avoir avec celui que j'ai visité...

Première impression une fois arrivé sur les lieux : l'étonnement face à une telle propreté et un tel ordre alors qu'on parle de plusieurs centaines de personnes concentrées dans un parc dépourvu de commodités. Deuxième étonnement : le fait qu'un climat fraternel et bon enfant, presque festif, puisse régner dans une si grande promiscuité, surtout s'agissant de personnes qui ont vécu l'enfer et sont là avec leurs craintes et leurs traumatismes. Or, beaucoup de gens croisés là-bas avaient le sourire.  J'ai même vu des réfugiés syriens se prêter au jeu des photos-souvenirs avec des touristes anglaises qui passaient par là. Certains jouaient de la musique. D'autres faisaient à manger avec les moyens du bord pour leurs semblables. Une personne avec un accent assez prononcé apprenait des mots de français à d'autres qui s'étaient installées autour d'elle.





Bon, je ne suis peut-être pas resté assez longtemps sur les lieux pour y déceler des tensions éventuelles, la bonne dose de souffrance qu'il doit y subsister, la pénibilité de certaines tâches et peut-être le ras-le-bol subséquent, mais on ne peut nier qu'il y a énormément de bonne volonté de la part des réfugiés, qu'ils respectent parfaitement le parc qui les accueille et qu'ils sont très reconnaissants de tous ceux qui les aident.

Et si vous ne me croyez pas et que la situation vous intéresse, bougez-vous, ouvrez vos yeux et allez sur place. Vous verrez la situation d'une autre manière. Parce que ceux qui crient aux barbares et aux envahisseurs derrière leurs écrans, je ne sais pas dans quel monde ils vivent mais en tout cas, ce n'est plus le nôtre et ce monde-là est bien triste et bien sordide !


mercredi 2 septembre 2015

Rentrée "littéraire" 2015 : défendons le droit des lecteurs !


Hier, la récréation sonnait à nouveau après un long silence.
A peine remis d’avoir une nouvelle fois été dégoûté des différentes sagas de l’été,  vous avez peut-être sillonné les rayons de ces temples de la culture que sont les supermarchés – ou même les magasins de meubles façons IKEA ou les grandes chaînes d’électros telles que Média Markt - pour voir quels produits consommables la rentrée littéraire vous réservait cette année... 

A une époque où bafouer le droit des lecteurs ne coûte rien – tandis que porter atteinte au droit d’auteur peut valoir très cher – je me suis dit qu’il serait plaisant de vous résumer ci-dessous l’intégralité du dernier Nothomb qui compte 134 pages en police 14 avec double interligne et marges de 3,5 cm, c’est-à-dire un livre qui compte en réalité 75 pages et … qui vous est vendu comme un roman.
Voici donc ce que j’en ai retenu en le feuilletant :


Chapitre 1
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Chapitre 2
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Chapitre 3
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Chapitre 4
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Chapitre 5
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Chapitre 6
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Chapitre 7
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FIN

Eh oui, je  trolle…
Mais plus les années passent et moins il m’est possible de prendre la rentrée littéraire au sérieux. D’ailleurs, pour le bien des lettres, il me semble que pareille fête commerciale devrait être abolie afin qu’Amélie et les autres puissent avoir un peu plus le temps d’écrire un roman digne de ce nom… s’ils en ont la possibilité et l’envie bien sûr ! 

En attendant, si vous voulez vous mettre du texte sous la dent, vous pouvez vous procurer le Même Pas Peur n°3 spécial rentrée quand vous passerez chez votre libraire. Ses fondateurs, les éditeurs Jean-Philippe Querton (Cactus Inébranlables) et Etienne Van Den Dooren (Edition du Basson) y flinguent d’ailleurs le concept de rentrée littéraire. Egalement au programme : un édito flamboyant du dessinateur Burion, entre constats lucides sur l’école d’aujourd’hui et perspectives humanistes mais aussi un an d’intérim raconté avec franchise par un professeur, une interview décapante de Paul Magnette – un homme qu’il est bon de chatouiller -  ainsi qu’une autre d’un agent de Fedasil pour y voir plus clair sur la crise des migrants dans ce climat puant de droitisation extrême de l’opinion publique, entetenu par une certaine presse. Bref, ces 20 pages sont riches d’indignations, de réflexions, de souvenirs, de fous-rires comme d’amertume mais aussi – et c’est peut-être là l’essentiel – d’une volonté d’élever le débat sur différents enjeux de société importants. 

Si vous voulez rencontrer quelques agitateurs mêmepaspeuriens et débattre avec eux, les portes du Coin aux étoiles - Rue Notre-Dame n°79 à Mons - vous seront d'ailleurs grandes ouvertes ce samedi 19 septembre à 18h.



Puis, si les auteurs belges vous intéressent vraiment, vous pouvez vous tenir informés de l’affaire Patrick Lowie, écrivain et éditeur condamné à payer plus de 15 000€ pour avoir posté un lien sur facebook qui renvoyait ses lecteurs vers le texte d’un livre qui selon lui le diffamait. Il a perdu en appel de cette décision mais est décidé à aller plus loin. Une affaire qui a quelque forts relents idéologiques quand on s’y penche de plus près…
Elle pourrait aussi faire école en matière de décisions judiciaires relatives aux réseaux sociaux. J’y vois en outre un combat entre les droits d’un auteur d’une part et le droit d’auteur de l’autre ou encore entre la propreté intellectuelle et la propriété intellectuelle. Bref, beaucoup d’enjeux intéressants autour de ce chemin de croix imposé à un auteur.


mardi 11 août 2015

Non, nos médias n'ont pas à accueillir toute la connerie du monde !

L'une des plus grandes tragédies d'Internet est sûrement d'avoir permis aux cons de se rendre anonymes.

Vous le savez, : les cons, ça ose tout et c'est à ça qu'on les reconnait. Mais grâce à l'anonymat d'Internet, les cons, ça ose encore plus... Par exemple, en postant
dans les commentaires en-dessous des articles de la presse des louanges illuminées de bêtise à des politiciens populistes qui vivent au-dessus de la masse ou en jouant les justiciers barakis autoproclamés. Pire et beaucoup plus inquiétant, en donnant à leur "racisme ordinaire" un écho atteignant une violence extraordinaire avec des appels aux meurtres à peine masqués.

Hélas, ça ne va pas en s'améliorant avec la foule de malheureux qui périssent en Méditerranée, fuyant des conflits sur lesquels la "presse libre" n'a pas cru bon de nous informer. Alors, dans de telles circonstances, et puisque, vacances oblige, on ne nous informe plus sur la couleur du dernier short de Michèle Martin et qu'on ne cherche pas à nous décortiquer davantage le Tax-Shit de Charlot*, les réfugiés sont devenus, très loin devant les autres, les premiers boucs-émissaires des cons qui se (dés)informent.

Au milieu de merdias complaisants qui voient là une occasion unique de gonfler le nombre de clics sur leurs pages et donc de rentrées publicitaires, la RTBF s'est fendu, cette fois, d'un post remarquable faisant suite au déchaînement de haine en dessous de son article, bien foutu mais au titre malheureusement racoleur : ""La Belgique face à un 'afflux massif de réfugiés'? La réponse en chiffres."


Voici donc le communiqué qui apparait aujourd'hui sur la page officielle de la chaîne publique : 

 

Je n'ai pas l'habitude de faire l'éloge de nos médias et là n'est pas le propos.  Il faut cependant avouer que ça fait du bien de lire autre chose que de la langue de bois face aux propos les plus immondes des cons anonymes. 

Espérons maintenant que d'autres leur emboîteront le pas sans qu'il faille, pour en arriver là, que ces mêmes médias pleurent des agressions xénophobes qu'ils auront eux-mêmes contribuer à légitimer.

Parce que non, nos médias n'ont pas à accueillir toute la connerie du monde ! Il y a plus de place et de surcroît, l'intelligence est en crise... 

Sinon, pour une conclure, un morceau écrit il y a quelques mois sur la situation des réfugiés : 



La Méditerranée devient une nouvelle mer rouge.
Ressentis amers mais il y a rien qui bouge !
Tous victimes d’une même haine, Moïse ou Moussa.
Abracadabra, cette fois l’eau ne s’ouvrira pas.  
Sur les rives, des miradors ont été érigés.
La ruée vers l’or, c’est vers l’Afrique qu’elle se fait.  
Fuck l’argent-roi,  chez lui sans aucun passeport !
Quand des gens se noient, l’Europe n’a aucun remord.

En France, Marine a remplacé Marianne sans peine.  
Dans ce dédale politique, qui trouvera le jardin d’Eden ?
Il faut encore s’indigner et garder la tête haute
Car un homme n’en vaudra jamais plus qu’un autre
Quand Bagbo s’fait renverser pour quelques gros pétroliers,
Quand Boko Haram massacre des dizaines d’écoliers,
Les mieux lotis d’entre nous, ils s’en contrefoutent
Le slogan de l’époque c’est coûte que coûte.

Eldorado
La crise a bon dos
Ils veulent des immigrés riches et bien formés
Ils auront la colère des prolétaires du monde entier

Voir derrière chaque basané un barbu en puissance,
Oublier que les réfugiés sont victimes de l’ignorance,
Haine de l’Islam, agressions passées sous silence,
Quand la banlieue crame, parler d’Daech est un non-sens !
Le peuple est dans la dèche, ici ou ailleurs
Qu’y-a-t-il de mal à vouloir un avenir meilleur ?
On dit que les blancs s’expatrient, que les autres immigrent
Les mots ne sont pas innocents, j’espère que tu piges !

La guerre menée au nom de la démocratie signifie :
S’allier au plus mauvais pion contre un dirigeant pourri.
Le monde tourne pas rond, y a des requins dans chaque coin,  
Course au pognon pour des porcs qui ont d’la coke plein l’groin !
J’représente les grands-pères morts au fond de la mine
Tous les pauvres hères résignés à leur sort et qui triment
J’serai pas comme tous ces larbins se rêvant bourgeois
A quoi bon rejeter la faute sur plus mal loti que soi ?

Eldorado
La crise a bon dos
Ils veulent des immigrés riches et bien formés
Ils auront la colère des prolétaires du monde entier


Eldorado
Cette fois, c’en est trop
Pense à tous les pays que l’Europe pille encore
Puis vois tous ces migrants livrés à leur sort

Crois-tu qu’on te vole un travail qui n’existe pas ?
Crois-tu vraiment qu’il faut être rebeu pour être une caillera ?
Y a tous ces crimes dont les médias ne parleront pas
Y a cet abime entre ce qu’on dit et ce qui se passe là-bas

Eldorado
La crise a bon dos
Ils veulent des immigrés riches et bien formés
Ils auront la colère des prolétaires du monde entier

Eldorado
Cette fois, c’en est trop
Pense à tous les pays que l’Europe pille encore
Puis vois tous ces migrants livrés à leur sort




* Si ça vous intéresse, j'ai fait une analyse là-dessus :  7 choses savoir sur le tax shit de Charles Michel

mercredi 5 août 2015

Le Crédo de Bruxelles



Les temps changent, les pouvoirs aussi. Mais ce sont toujours les dogmes qui gouvernent. Voici le Crédo de Bruxelles :



Je crois en une seule Economie, le Marché tout-puissant, créateur de l’emploi et des investissements, de toutes les offres et toutes les demandes.

Je crois en un seul Penseur, Adam Smith, l’unique théoricien du Marché, et en ses nombreux disciples qui incitent les riches à s’enrichir davantage pour porter l’Humanité.

Je crois en la Main Invisible, qui est Science et qui donne des profits ; elle procède du Marché et d’Adam Smith. Elle a parlé par les hommes politiques et par elle, tout a été fait.

Je crois en l'Entreprise, hiérarchisée, immorale et monopolistique.

J’impose tous les jours aux peuples un carême que je nomme Austérité.

J'attends la reprise de la Croissance et le jugement dernier des chômeurs.


Amen