lundi 16 novembre 2015

Attentats terroristes de Paris : Que puis-je faire pour ne pas alimenter le brasier de la haine ?

Les attaques barbares qui ont touché Paris ce vendredi 13 novembre ont rappelé aux citoyens européens que l'horreur pouvait aussi frapper à leur porte.

Nous ne devons pourtant pas céder au règne de la terreur que l'on voudrait nous imposer. Que nous soyons dominés par nos émotions au point d'agir de manière irraisonnée, c'est exactement ce que veulent les terroristes. Leur but n'est pas uniquement de déstabiliser des États ou ce qu'il en reste. Leur volonté est d'instiller le plus irrépressible effroi en chacun de nous.

Les terroristes trouvent ainsi des alliés objectifs dans les rangs de l'extrême-droite occidentale qui se plaît à amplifier encore plus la xénophobie ambiante en relayant des fausses rumeurs voire en perpétrant elle-même des actes de délinquance1 afin de faire grimper le sentiment d'insécurité et de pouvoir par la suite en tirer parti à des fins électorales. Nous le voyons : l'extrême-droite et le djihadisme visent une même situation, celle de la guerre de tous contre tous.

Nous ne devons pas nous abandonner à de telles tendances de repli, même si le monde politique, la sphère médiatique et la société civile glissent toujours plus vers la droite. L'Histoire nous a déjà montré à plusieurs reprises que la majorité n'avait pas toujours raison.

S'il nous faut résister à la haine, nous avons aussi le devoir de réfléchir tous ensemble et de comprendre pourquoi le monde est devenu un si sinistre brasier.

Je fais partie de ceux qui considèrent que l'on a tous un rôle à jouer, aussi minime soit-il. J'imagine que vous connaissez tous la fable amérindienne du colibri dans laquelle des animaux puissants et imposants se moquent du minuscule oiseau qui transporte dans son bec une goutte d'eau pour faire sa part dans la lutte contre l'incendie qui ravage la forêt. Ces animaux dédaigneux, ce sont certains dirigeants passés et actuels. L'incendie, c'est l'obscurantisme et la haine. Le colibri, c'est nous.

J'ai donc voulu lister un ensemble de petites choses que nous pouvons tous faire sur les réseaux sociaux pour lutter contre le brasier de la haine qui enflamme notre société. Cette liste est loin d'être exhaustive ! Elle sera mise à jour fréquemment. J'ai, parmi mes contacts, des humanistes qui ont décidé de quitter momentanément les réseaux sociaux pour ne pas devoir subir un flux d'informations haineuses à chaque connexion. On peut les comprendre mais en même temps, nous ne pouvons pas abandonner Internet aux extrémistes. N'oublions pas que la toile fut d'ailleurs le moyen privilégié par les djihadistes pour recruter leurs candidats au suicide.

Je fais donc appel à mes lecteurs et à l'intelligence collective pour nourrir la liste ci-dessous. Selon vos désirs, votre nom ou un pseudo peut être indiqué après l'idée soumise lorsqu'elle sera publiée sur ce blog.

Que puis-je faire pour ne pas alimenter le brasier de la haine sur les réseaux sociaux ?


- Exprimez votre soutien à tous les peuples victimes d'attaques terroristes. Ce n'est pas parce que ça se passe loin de chez vous que c'est moins grave ou que les victimes ne méritent pas votre compassion. Les réseaux sociaux permettent de faire circuler une image ou un statut à travers le monde entier. Si les victimes trouvent une attention à leur égard qui émanent de nous, elles sauront que le reste du monde ne les oublie pas et vous en serez grandi. De plus, cela évitera de contribuer au ressentiment des populations meurtries.
Les djihadistes sont organisés internationalement. Les défenseurs de l'humanité contre la barbarie doivent donc prendre en compte ce qui se passe partout dans le monde.

- Si un de vos contacts dérape sous l'emprise de l'émotion, en faisant par exemple des amalgames douteux alors que cela ne lui était jamais arrivé auparavant : tentez dans un premier temps de le raisonner en restant calme. La personne qui s'exprime avec le plus d'égards pour l'autre et en se basant sur des arguments rationnels paraît plus facilement avoir raison aux yeux de ceux qui lisent le fil de discussion.
Si le ton monte malgré tout et que votre contact en vient aux insultes, expliquez-lui que susciter la haine et le manque de réflexion, c'est exactement ce que recherchent les terroristes.
Si votre contact persiste, virez-le de votre liste. Vous perdrez moins votre temps en le consacrant à quelqu'un qui peut encore être raisonné.

- Si un de vos contacts lance un appel à la haine raciale, au lynchage des musulmans, s'il fait l'apologie du régime nazi et des camps de concentration en évoquant la question des réfugiés, rappelez-lui, articles de loi à l'appui, que cela constitue un délit. Ensuite, signalez l'appel à la haine et virez-le de votre liste d'amis.

- Face à une personne qui prétend qu'un musulman est un terroriste potentiel, invitez-le à prendre connaissance du communiqué de Daesh. Il suffit d'en lire quelques lignes pour se convaincre qu'on n'a moins affaire à des croyants qu'à un réseau de psychopathes qui détournent maladroitement les sourates du Coran pour tenter de justifier les atrocités qu'ils perpétuent.

- Soyez critique mais pensez aussi à diffuser des messages universels et positifs. Diffuser les marques de soutien aux victimes émanant de la communauté musulmane, des réfugiés et des pays non-occidentaux.

- N'oubliez pas de rire, c'est essentiel. Quand ce climat tendu vous éreinte, diffusez des plaisanteries qui procèdent d'un humour sain (comique de situation, contrepèterie, jeux de mots,...). Évitez ce qui procède par préjugés.

- Si vous voulez approfondir une discussion avec un contact, proposez-lui d'aller prendre un verre. Rester enfermé alimente la peur.

- Ne pas diffuser de lien sans avoir vérifié ses sources afin de ne pas donner de l'écho aux hoax et autres fausses rumeurs créés par les milieux conspirationnistes et par l'extrême-droite. Ils se multiplient toujours dès qu'un drame de cette ampleur survient et leurs auteurs sont de plus en plus doués pour leur donner un cachet d'authenticité.

- À vous de jouer !





1 Adrien Desport, un ex-responsable du Front National, est par exemple écroué depuis plusieurs mois pour avoir incendié volontairement des voitures avec de jeunes frontistes.

2 commentaires:

  1. Plop. Ton article fait passablement écho au mien, sur le même sujet...

    https://coupsdegueuledelau.wordpress.com/2015/11/15/paris-13-novembre-et-maintenant-quest-ce-quon-peut-faire/

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  2. Merci Florian, tu es un merveilleux colibri ! :-)

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